L’impact du stress post-traumatique sur les travailleurs sociaux

Introduction :
Les travailleurs sociaux, premiers intervenants auprès des victimes de traumatismes, ne sont pas à l’abri des séquelles psychologiques de ces tragédies. Une étude révèle en effet que leur proximité avec ces événements tragiques peut avoir des conséquences sur leur propre bien-être mental.

Le contexte :
Suite à des événements dévastateurs comme les attaques du 11 septembre ou l’ouragan Katrina, sans parler des traumatismes individuels comme les agressions sexuelles, les travailleurs sociaux sont en première ligne pour soutenir et aider les victimes. Pourtant, leur rôle d’écoute active et de soutien peut avoir un coût émotionnel.

Une étude de psychologie du travail

University of Georgia. (2007, January 10). Social Workers May Indirectly Experience Post-traumatic Stress. ScienceDaily.

Le constat :
Une étude inédite menée par l’assistant professeur Brian Bride à l’Université de Géorgie montre que le fait d’entendre à répétition les récits de victimes de traumatismes peut augmenter considérablement leur risque de souffrir de stress post-traumatique. Alors que 7,8 % de la population générale pourrait développer un tel stress au cours de leur vie, ce chiffre grimpe à 15 % pour les travailleurs sociaux.

Symptômes observés :
Les histoires de traumatismes, qu’il s’agisse d’enfants abusés ou de victimes de violences communautaires, peuvent générer des pensées et des images traumatisantes. L’étude a relevé que :

40 % des travailleurs sociaux pensaient involontairement à leur travail avec des clients traumatisés.
22 % se sentaient isolés des autres.
26 % ressentaient un engourdissement émotionnel.
Plus de 25 % rapportaient des symptômes tels que l’irritabilité, des difficultés de concentration ou un sentiment de futur écourté.
Un phénomène sous-estimé :
Bien que significatif parmi les travailleurs sociaux, le stress traumatique secondaire est encore méconnu par les professionnels du secteur. Les travailleurs sociaux sont souvent formés à gérer le burnout ou à prendre soin d’eux-mêmes, mais rarement au sujet de ce stress secondaire.

Recommandations :
Brian Bride suggère que les formations en travail social intègrent une sensibilisation à ce risque et des stratégies pour le minimiser. Il encourage également les employeurs à offrir des formations continues, des soutiens appropriés et une assurance santé mentale. Enfin, il recommande aux travailleurs sociaux de prendre du temps pour eux et de bien gérer leur charge de travail, en identifiant les cas qui leur sont particulièrement pénibles.

Conclusion :
Si les travailleurs sociaux choisissent cette profession pour apporter de l’aide, il est crucial de reconnaître et d’adresser les défis émotionnels qu’ils rencontrent. Ignorer le stress traumatique secondaire pourrait non seulement diminuer la qualité des soins qu’ils fournissent, mais aussi les pousser à quitter la profession.

Rémi Abida

Psychologue à Rennes

26 rue Poullain Duparc

35000 Rennes