Le côté sombre du bonheur
Une étude sur le bonheur
A Dark Side of Happiness, ou le côté sombre du bonheur si vous préférez, est le nom d’une étude de 2011 sortie par Maya Tamir et ses collègues de l’université hébraïque de Jérusalem.
Avec comme idée, qu’il existe un mauvais degré de bonheur. Par bonheur, l’étude entend « lorsque des émotions positives sont présentes et que les émotions négatives sont absentes ».
Si le bonheur est bénéfique à bien des égards, sur la santé ou la sociabilité par exemple, à une intensité de bonheur très élevée, nous dit-on, les gens ne ressentent aucun gain psychologique ou de santé et parfois ils en subissent les coûts. Par exemple, des niveaux modérés d’émotions positives engendrent plus de créativité, mais des niveaux élevés d’émotions positives n’en engendrent pas.
Une émotion positive accrue peut aussi gêner la capacité d’inhiber les comportements à risque, et pousse à diminuer l’attention portée aux menaces. Un degré excessif de bonheur peut donc conduire à des résultats indésirables, le bonheur oui mais avec modération si vous me passez l’expression.
L’étude suggère aussi qu’il y a des mauvais moments pour le bonheur. Le bonheur pourrait ne pas toujours être adaptatif selon les contextes. Les émotions positives peuvent être utiles dans un contexte collaboratif tandis qu’au contraire, c’est la colère qui peut préparer l’individu à combattre ou obtenir un remboursement. Comme le dit une autre étude de 2006 : lorsque la personne qui négocie a un statut élevé, l’expression de la colère conduit à de plus grandes concessions de la part des autres, alors que les expressions d’émotions positives ne le font pas.
Et l’expression de la tristesse quant à elle, a cela d’adaptatif, qu’elle signale aux autres que la personne a besoin d’aide. Je cite : lorsqu’une personne subit une perte, il peut être utile d’exprimer sa tristesse, car cela peut faciliter l’obtention de l’aide des autres.
Bon, on retiendra surtout des études sur le bonheur, le paradoxe suivant : la valorisation du bonheur provoque moins de bonheur. La recherche du bonheur peut rendre les gens malheureux, car plus les gens valorisent et apprécient l’idée de la quête du bonheur et le recherchent, moins ils ont de chances de l’obtenir, surtout lorsque le bonheur semble être à portée de main.
Et le fait d’amener les gens à valoriser davantage le bonheur nous dit-on, se traduit par une plus grande solitude et une plus grande déconnexion sociale. Autrement dit, la recherche de ce gain personnel qu’est le bonheur peut nuire aux liens avec les autres et donc amener à plus de solitude.
Reconnaissons qu’aucune étude psychologique ne pourra avoir la prétention d’effleurer ce sujet éminemment philosophique qu’est le bonheur. Mais puisqu’il existe des pressions culturelles plus ou moins explicites et énormément de livres qui sortent pour nous dire d’atteindre le bonheur, ces études sur le bonheur ont le mérite d’apporter une piqûre de rappel. Qu’envisager le bonheur comme un objectif, ne va pas nécessairement de soi, et que cette notion mérite même parfois, d’être bousculée.
La vidéo :
Rémi Abida, Psychologue en présence à Rennes ou en ligne sur Discord.
Prise de rendez-vous sur Discord ( remiabida#6052 ) ou par mail remiabida@psyacp.fr