Que sait-on du télétravail ?
Avril 2020
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Dans les années 70, on pensait que le télétravaille s’imposerait dans les années 90.
Dans les années 90, on était certains que 2005 verrait ce phénomène se généraliser
Finalement en 2019, on disait plus prudemment, que le télétravail progressait constamment, bien que lentement
Mais avec une pandémie dans l’équation, le phénomène s’accélère en 2020. De quoi s’ancrer dans les mœurs, sortir de son image de singularité.
Que sait-on de l’effet du télétravail, nom donné au fait d’exercer une activité de travail, à distance des locaux de son employeur.
D’abord, on sait que le télétravail augmente la productivité.
Contrairement à ce qui est spontanément évoqué pour l’expliquer, ce n’est pas tant qu’on s’organise mieux chez soi ou qu’on se concentre mieux, une fois libéré des politesses entre collègues. Cette augmentation de productivité provient surtout d’un rythme de travail plus soutenue. Globalement, le temps de transport n’est pas économisé, il devient temps de travail. Et un surplus d’effort est fournis par la personne, comme pour compenser la confiance qui lui ai accordée. Il faut dire que la pratique du télétravail est encore vu comme un privilège, plus ou moins consciemment. Il y a donc une sorte de volonté de réparer, de compenser ce privilège. La personne en télétravail façonne donc différemment l’image du rendement qu’elle pense devoir offrir.
La principale erreur avec le télétravaille, c’est lorsque le cadre n’est pas clairement défini.
Cela engendre d’une part de la méfiance hiérarchique, et d’autre part une surcharge de travail pour compenser cette méfiance. Un bon télétravail est donc celui dont les règles sont énoncées explicitement. Un bon télétravail est aussi un cadre libéré de sa connotation de privilège, en le proposant à tous ceux qui peuvent y prétendre, avec équité.
Il est vrai que le télétravail floute fortement la frontière entre le travail et la vie privée.
Mais cela a aussi pour avantage de rendre cette problématique visible, et donc plus à même d’être surveillée. Lorsque le monde du travail rentre dans votre salon, la segmentation travail et vie privée, bien que désormais plus imbriqué, devient en même temps un sujet plus conscient et tangible. Et une problématique formalisée se contrôle mieux qu’un informel flou
Le télétravail a cela de bénéfique qu’il place les individus dans la légitimité d’auto gérer leur activité de travail. Cet avantage persiste tant que l’employeur reste disponible. Si le télétravail est utilisé comme prétexte pour ne plus accompagner le salarié, alors le télétravail dérive en ce qu’on appelle le ghost work, la pire des configurations de travail à distance existante à ce jour. Ghost work comme travail fantôme en anglais, pour ceux que le sujet intéresse.
Pour finir, les environnements de télétravail sont inégaux, plus ou moins favorable selon la fréquence des interruptions à laquelle il vous contraint . Mais puisque la mode de l’open space et du free sitting dans les entreprises, a depuis longtemps contribué à détériorer les conditions de concentration lors du travail sur ordinateur, on peut dire que le télétravail ne souffre pas de la comparaison sur ce point là.
Rémi Abida, Psychologue à Rennes ou en ligne.
Prise de rendez-vous sur Discord ( remiabida#6052 ) ou par mail remiabida@psyacp.fr