L’intérêt

de l’angoisse

Avril 2020

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Le texte :

 Quel est l’intérêt de l’angoisse ? Ou l’intérêt de sa forme plus latente : l’anxiété. Cela vaudra pour les deux. La question se pose, car l’angoisse joue bien un rôle. Un rôle utile, qui n’est certainement pas celui de vous indisposer gratuitement. C’est un symptôme d’alerte. Comme un voyant moteur. Son but est d’alerter que votre cerveau bute sur quelque chose : qu’une problématique lui coute, mais qu’il ne sait pas la traiter. Non pas parce que les données sont trop compliquées, mais parce que vous n’avez pas libéré les accès, pour la conscientiser suffisamment. Pour des raisons qui vous appartiennent.

Ainsi, en psychologie l’angoisse n’est pas l’ennemie à abattre. Faire taire l’alerte n’est pas préconisée. On ne débranche pas l’ampoule d’un voyant moteur : on soulève le capot.

Ainsi, les livres et méthodes expliquant comment faire taire l’angoisse, ne sont pas du domaine de la psychologie. N’y voyait pas un conseil de lecture, il ne m’appartient pas de juger du bienfait que tel ou tel livre peut avoir sur vous. Mais il m’appartient de commenter ce qui sort du domaine qui me concerne. Et en psychologie, il n’est pas question de supprimer ce signal important qui permet à votre corps de s’exprimer. Dans certains cas le recours aux médicaments ou aux exercices, permettent d’abaisser le seuil d’angoisse pour ceux qui ont atteint un niveau de symptôme si invalidant, que cela les empêche de travailler sur la compréhension du signal. Mais il n’est pas préconisé d’atteindre des doses faisant supprimer totalement l’angoisse, car cela enlèverait la motivation et la prise de conscience d’une action qui reste encore à mener. Faire taire l’angoisse en déjouant ses manifestations, ce n’est pas résoudre le problème, c’est plutôt rester dans le problème. La stratégie médicamenteuse ou de relaxation serait alors une stratégie de perpétuité. De plus, la complexité du corps humain est telle, que faire taire ce signal d’alarme vous expose à d’autres tentatives de votre corps pour continuer à vous informer d’une problématique à résoudre : celle de son incapacité à traiter des informations et les émotions attachés.

Il n’existe pas de processus industriel à appliquer à la chaine pour sortir de l’angoisse. Chacun a un rapport au monde unique. Trouver ce que l’on repousse n’est pas libérateur en soi et pour tout le monde. C’est d’abord s’autoriser à penser librement qui amène à retricoter son circuit de pensée. Et personne ne souhaite tricoter la même chose, il ne s’agit donc pas d’imposer un souhaitable. Dans le cerveau, tout ce qui n’est pas traitable tourne en boucle. L’anxiété ou l’angoisse, c’est un message pour vous demander de rendre certaines choses traitables, de cesser de retenir des éléments ou de créer des liens qui vous empêche d’être totalement présent. Si l’angoisse ou l’anxiété nécessite une relation d’aide, c’est pour cet espace d’accueil inconditionnel qu’elle offre, en compagnie d’une relation véritable avec un autre, qui permet de tricoter sa vision du monde tel qu’on la souhaite. Pour le dire vite, l’angoisse peut être vue comme une demande interne d’être vous-même. Tandis que la peur ou le stress, sont des alertes tournées vers l’extérieur, et seront évoquées dans un autre article

Rémi Abida, Psychologue à Rennes et en ligne.

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